Le projet Forêt Pro Bos
Le contexte
Le projet Forêt Pro Bos vise à répondre aux besoins de quantifier, renouveler, regrouper et valoriser la ressource en bois régionale. En effet, plusieurs constats inquiétants pour la pérennité de la filière bois dans la région transfrontalière ont été mis en lumière.
D’une part, le nombre de peuplements forestiers productifs est en régression, parmi lesquels les résineux et les peupliers sont particulièrement concernés. D’autre part, de nombreuses parcelles ne sont en effet plus renouvelées après la coupe rase et sont laissées en friche. Ce constat est notamment dû au coût de l’investissement, aux dégâts de gibier, au désintérêt ou à la méconnaissance des nouveaux propriétaires par rapport à la production de bois, et à l’affectation de la forêt exclusivement à des fonctions non productives… Cela met en danger à moyen terme l’approvisionnement en bois de l’aval de la filière et les emplois qui en dépendent.
Une autre problématique à laquelle le projet va s’atteler concerne le propriétaire forestier et notamment celui qui possède de petites surfaces. En effet le morcellement des propriétés forestières est grandissant au fur et à mesure des successions. De nombreux propriétaires forestiers possèdent alors des parcelles de plus en plus petites. Ces petites parcelles forestières, d’une superficie inférieure à 5 ha, représentent 75.000 ha en Région Wallonne, 100.000 ha en Région Flamande, et 278.600 ha en région Hauts de France et Grand Est. La gestion de ces petites parcelles est plus compliquée et entraîne une certaine forme de démotivation du propriétaire. En parallèle, de nombreux propriétaires ne savent pas comment valoriser leur bien, ni même parfois qu’il peut être valorisé !
Pour finir, il est difficile pour l’opinion publique d’appréhender le caractère multifonctionnel de la forêt. En effet, il est tout à fait possible d’associer la production de bois à d’autres objectifs tels que la conservation de la biodiversité ou le tourisme par exemple, mais cela n’est pas toujours bien compris et les gestes de gestion quotidienne sont souvent perçus comme nuisibles.
Face à ces différents constats, le projet Forêt Pro Bos s’attèle pour une durée de 4 ans, à lever ces différents freins environnementaux, économiques et sociaux qui impactent à moyen terme la filière bois locale.
Le projet
Le projet Forêt Pro Bos a vu le jour dans le cadre du programme européen Interreg Va France-Wallonie-Vlaanderen, sur base des différents constats identifiés précédemment. Ce projet a pour but de faire coopérer les partenaires en supprimant les frontières entre les différentes régions. Il s’inscrit dans une volonté de favoriser les échanges économiques et sociaux entre cinq régions frontalières contiguës :
- La Région Hauts-de-France (Nord, Pas de Calais, Aisne, Somme et Oise)
- La Région Grand Est (Ardennes et Marne)
- La Wallonie (Provinces de Namur, Hainaut et Luxembourg)
- La Flandre (Flandre occidentale et orientale)
Débuté officiellement le 1er octobre 2016 pour une durée de 4 ans sur l’ensemble de la zone, ce projet transfrontalier réunit 11 partenaires opérateurs et 2 partenaires associés Français, Wallons et Flamands, pour un budget total de 3.522.287,82€ avec le soutien du Fonds Européen de Développement Régional (1.937.258,25€), de la Région Wallonne (712.583,26€) et du conseil régional du Champagne-Ardenne (196.139,29€).
Les objectifs et actions
Forêt Pro Bos s’attaque aux problématiques liées au peuplements forestiers, mais aussi à l’arbre hors forêt (aux alignements d’arbres et agroforesterie), et à la populiculture qui sont une source d’approvisionnement de la filière locale à ne pas délaisser. Ce projet va donc se focaliser sur l’amont de la filière afin de promouvoir le reboisement et la gestion forestière de manière générale pour relancer la production de la ressource bois transfrontalière.
Les actions du projet sont regroupées autour de six grands axes :
1. L’évaluation et cartographie de la ressource ligneuse
Le projet vise à développer un outil innovant d'évaluation de la ressource ligneuse en et hors forêt, tirant profit des moyens existants en télédétection. A l’échelle spatiale et temporelle du projet, 10.000 ha seront cartographiés à titre pilote.
2. Soutien aux propriétaires de parcelles à boiser ou à reboiser
Des actions de communication et des outils d’aide à la décision seront mis en place pour faciliter le (re)boisement. Durant le projet plus de 150 ha seront plantés ou replantés.
3. Accompagnement des nouveaux propriétaires
Une communication spécifique sera développée pour les nouveaux propriétaires dans le but de les informer du potentiel de leur parcelle et de la façon dont ils pourraient la gérer. Ce sont environ 500 propriétaires qui seront touchés par ces formations.
Face à la déconnexion croissante des nouveaux propriétaires vis-à-vis de leur forêt, le projet souhaite également améliorer et actualiser les techniques de vulgarisation et proposer des cycles de formation d’insertion permettant aux propriétaires novices et souvent désemparés de prendre en main la gestion forestière de leur propriété
4. Accessibilité des parcelles
En vue de faciliter la mobilisation de la ressource bois, Forêt Pro Bos se penche sur l’amélioration et la sécurisation des accès aux massifs forestiers, ainsi que sur la création de quais de chargement des bois. Ces actions auront lieu sur une superficie de 6000 ha.
5. Proposition de solutions innovantes aux propriétaires pour une gestion dynamique durable
Au vu du nombre très important de parcelles enclavées, le projet souhaite encourager les regroupements de propriétaires afin d’optimaliser les actions sylvicoles de manière concertée et durable. Ce sont environ 400 ha de forêt qui seront touchés par ces action.
6. Sensibilisation des acteurs de la forêt en matière de gestion durable
Forêt Pro Bos a pour objectif de sensibiliser les citoyens, les médias et les élus à la multifonctionnalité de la forêt. A côté de ses fonctions écologiques et récréatives souvent mises en avant, il s’agira de remettre à l’honneur sa fonction économique. Le projet souhaite ainsi combattre des idées reçues et informer l’ensemble des usagers de la forêt de la compatibilité de ces différentes fonctions (économique, écologique et sociale) au sein de la gestion forestière.